Ceci est une série d’articles pour tous les entrepreneurs qui actuellement sont frustrés par leur parcours, les résultats de leur entreprise, les recommencements, les efforts sans cesse croissants, les retours sur investissements maigres… ces multiples raisons qui légitimement vous font souvent douter de votre choix d’entreprendre. L’objectif de la série, vous permettre de mettre le doigt sur ce qui cloche et vous outiller sur le chemin de l’amélioration de votre expérience entrepreneuriale. Qui suis-je pour vous proposer cet audacieux objectif qui se veut réaliste ? Une entrepreneure qui comme vous a longtemps piétiné avant de comprendre d’où venait le problème et comment le contourner. Je mets mes donc ici mes près de dix ans d’entrepreneuriat au service de votre progrès et du changement positif dont vous avez besoin.
Sur le chemin vers l’amélioration de notre expérience entrepreneuriale, il est important de poser les bonnes fondations. Déjà quand nous parlons ici d’expérience entrepreneuriale, de quoi s’agit-il ? Tout simplement de votre parcours d’entrepreneur : d’un rêve ou d’un idéal, vous tirez une idée à laquelle vous essayez de donner vie, vous mobilisez pour cela toutes les ressources possibles la première étant vous-même, tout cela ne se fait pas en un jour, cela consomme des mois, des années de votre vie, des moyens financiers, des relations amicales comme amoureuses, votre force morale, votre âme… Créer une entreprise peut vous voler votre vie comme elle peut vous la rendre au centuple. Et c’est justement parce que vous pouvez tout gagner comme tout perdre, qu’il est important de vivre son parcours/expérience avec les bons motifs de fond, la bonne démarche, le tout pour la meilleure des finalités.
Pour en revenir à ce premier impératif de notre série qui s’intitule de l’importance de mettre les points sur des i, l’objectif est simple : avant de parler technique et management, nous voulons parler mindset et esprit d’entreprise, qui êtes-vous et où en êtes-vous ?
L’une des questions à laquelle nous répondons prioritairement : Qui êtes-vous ? Si dans cet article on va regarder le qui êtes-vous en tant qu’entreprise, nous allons d’abord considérer qui vous êtes en tant qu’entrepreneur. Le prisme principal par lequel nous nous définissons en tant qu’entrepreneur, c’est notre motif d’entreprise, notre leitmotiv, notre pourquoi. C’est aussi cela qui influence comment nous entreprenons et donc quelle sera notre expérience entrepreneuriale.
Concernant donc cette première interrogation, il y a généralement selon le motif 04 profils d’entrepreneurs : Le rêveur, le visionnaire, l’opportuniste et l’hybride.
Alors, amis entrepreneurs, la question se pose, qui êtes-vous ? L’entrepreneur pour le rêve, l’entrepreneur pour la vision, l’entrepreneur pour l’argent ou un savant mix qui sait déjà comment jongler entre ces personnalités et motif ?
L’une des plus grandes aberrations qu’il m’ait été donné de voir, c’est des entrepreneurs qui ne savent pas qui sont leurs clients.
Premièrement, personne à notre niveau d’entreprise ne peut servir tout le monde, ça c’est l’apanage des grands groupes, des grandes entreprises et multinationales et encore elles aussi ont des segmentations claires. Ton client n’est donc pas tout le monde. Même s’il s’agit d’un produit aussi universel que de la nourriture, ton client ne peut pas être tout le monde. Soit, tu feras des restaurants familiaux avec des menus pour enfants style mac Do, soit tu feras un restaurant étoilé visant les couples qui cherchent le meilleur cadre pour une demande en mariage, soit encore tu feras le petit Food truck du coin pour les travailleurs qui cherche un repas sur le pouce à consommer vite fait entre deux rendez-vous. Tu ne peux pas être tout pour tous, qui es-tu, ou du moins, qui est ton entreprise ? Qui sert-elle ?
Deuxièmement, celui que je sers vous l’avez compris influence grandement la solution que je crée et l’offre et l’expérience que je fournis. Si je ne suis pas conscient de sa nature, ses besoins et ses caractéristiques, par rapport à quoi suis-je en train de construire une entreprise ? Ce n’est pas seulement en regardant à toi-même que tu décides de ce que doit être ton entreprise, c’est prioritairement en regardant à un profil de client précis. Plus tu seras autocentré, plus tu auras de chance de finir frustré, de déployer des efforts qui jamais ne trouvent récompense ou retour sur investissement. Dans les petites choses comme ta simple campagne de communication ou dans les grandes comme l’expérience client que tu souhaites fournir, la maitrise de ta cible est un indispensable.
Troisièmement enfin, connaitre sa cible, son client idéal, revient à faire deux choses : Définir clairement le problème qu’on veut résoudre et trouver puis affiner par tâtonnement la compréhension que l’on a du problème et de la personne qui souffre de ce problème. Pour que vous ayez une image plus claire : Le défi n’est pas d’éradiquer la faim mais d’offrir un repas équilibré et abordable aux étudiants de Dakar-centre. Au départ, je sais que je veux que les gens n’aient plus faim, je veux qu’ils mangent bien, mes moyens ne me permettent pas de faire une usine, encore moins d’ouvrir une chaine de restau, ils me permettent probablement d’avoir un étale sur un marché de la place, pour proposer dans un cadre propre un certain type de repas à emporter ; je remarque que si les mamans me toisent quand je les interpellent pour qu’elles prennent des plats tout faits chez moi, les étudiants et les collégiens finissants sont de ceux qui reviennent régulièrement me prendre des plats, même s’ils se plaignent encore du prix et de ne pas pouvoir s’asseoir ; sur cette base et comptant déjà sur cela, je sais comment construire mon offre, que je dois chercher des moyens de grandir sans nécessairement faire grossir mes coûts de revient, comment et vers qui je dois orienter ma communication, etc.
La frustration vient surement du fait que tu ne sais pas qui est-ce que ton entreprise sert et ce qu’il/elle attend de toi.
Vu qu’on est toujours dans les fondations, dans ces choses qui influencent le visible même si elles ne sont pas palpables, si on a commencé par notre personnalité d’entrepreneur et notre compréhension du client, continuons avec un énorme paradigme : le rapport à l’action.
Nous l’avons déjà un tant soit peu abordé avec la question du profil entrepreneurial. Le rapport à l’action est cette propension que nous avons ou non à agir de la bonne manière et pour les bonnes finalités et la bonne continuité. Je m’explique : Vous devez lever des fonds pour financer l’achat d’une petite unité de transformation de pommes de terre ; c’est une nécessité un indispensable pour quitter de la production manuelle et avoir un volume plus important de production afin de combler vos clients restaurateurs qui raffolent de vos surgelés de pommes. Si vous continuez de repousser le projet en prétextant qu’il faut juste recruter plus de personnes pour trancher, en vous disant qu’il vous faut d’abord vous former pour obtenir une certification ISO-je-n’en-sais-rien, en vous mettant le frein de trouver un prestataire de lever de fonds peu gourmand, etc. Il y a un problème. Si vous dépassez cela et que vous faites appel à quelqu’un, que vous réussissez la levée mais qu’ensuite vous vous dites « bof, prenons le modèle plus petit pour économiser l’argent levé et investissons aussi dans une plantation de pommes », c’est sensé et logique mais très probablement inopportun et condamnable, c’est un problème. Si vous gardez quand même l’objectif en tête, qu’avec l’argent levé vous faites ce qui devait être fait, mais qu’une fois la machine mise en service vous faites tellement de vente que du coup ça ne vous dit plus rien de gérer le service client, la communication, le projet d’amélioration du packaging ou des conditions de conservations, il y a un autre problème. Si encore, vous gardez la tête froide, que tout se passe comme prévu et que vous gardez le bon cap et bien là, il n’y a aucun problème, enfin…
Bref, ce qu’il faut saisir c’est qu’il y a 05 temps dans l’action : l’avant/le plan, l’initiation, le déroulement, la conclusion et le next step. Celui qui échoue à avoir des plans concrets pour guider son action, planifie déjà d’échouer. Celui qui planifie sans cesse, sans jamais franchir le cap de l’action, a déjà échoué par peur d’échouer. Celui qui commence sans terminer pour aucune raison réellement valable a évidemment échoué. Celui qui se disperse en chemin ou bien se noie d’égo parce qu’un objectif est atteint a déjà échoué même s’il ne le voit pas. Celui qui ne sait pas demeurer dans une juste conscience du maintenant et du après… je crois que vous avez compris l’idée. Il faut agir, bien agir et continuer d’agir bien.
Ceci n’est pas une apologie du perfectionnisme ou du workaholisme, loin de là, c’est juste un rappel que ce qui nous sépare de la réalisation de nos objectifs, c’est l’action, l’action et encore l’action.
Maintenant que l’on sait qui l’on est, qui notre entreprise doit être et pour qui, quel est notre rapport à l’action, il est temps de considérer le dernier fondement qui explique pourquoi ou non ton entreprise va mal et que ton expérience actuelle est difficile : l’étape de croissance de mon entreprise.
Ce dernier volet, nous le détaillerons dans la suite de notre série.
Africainement vôtre,
Arielle IKENG – Afrocapitaliste.